Au Québec, la fête des Mères demeure l’un des événements les plus célébrés de l’année, tant sur le plan familial que sociétal. Pourtant, dans le monde du travail, cette journée est rarement exploitée comme levier stratégique par les départements de ressources humaines. Dans un contexte où l’attraction et la fidélisation des talents exigent plus qu’un bon salaire, les entreprises doivent désormais miser sur des gestes authentiques et porteurs de sens pour se démarquer. La reconnaissance du rôle des mères — et, plus largement, des figures maternelles — peut devenir un vecteur puissant d’inclusion, d’engagement et de différenciation.
Selon l’Institut de la statistique du Québec, près de 81 % des femmes de 25 à 54 ans occupaient un emploi en 2023, et une majorité d’entre elles sont aussi mères. Pourtant, très peu d’organisations québécoises intègrent des gestes significatifs liés à la parentalité dans leur stratégie RH annuelle. Cette lacune constitue une occasion manquée, surtout à une époque où les employés cherchent à évoluer dans un environnement qui reconnaît leurs réalités humaines.
La fête des Mères peut devenir un moment fort pour démontrer que l’employeur comprend, soutient et valorise cette réalité souvent invisible. Bien menée, cette reconnaissance ne doit pas se limiter à un bouquet de fleurs ou à un message automatique. Elle peut s’incarner dans des gestes concrets, adaptés, et stratégiques.
Loin d’être un simple geste symbolique, une telle approche nourrit le sentiment d’appartenance et renforce la marque employeur.
Miser sur des actions concrètes, dès aujourd’hui
Trop souvent, les célébrations en entreprise se limitent à des symboles. Pourtant, la force d’un geste RH réside dans sa capacité à s’inscrire dans la réalité de l’employé. Voici des idées applicables immédiatement :
- Offrir un congé de bienveillance flottant autour de la fête des Mères aux employés qui soutiennent une mère, qu’ils soient parents ou non.
- Mettre en place un crédit de soutien familial : remboursement partiel d’un service de livraison de repas, de garderie occasionnelle ou de transport pour alléger la charge mentale des mères.
- Proposer un espace confidentiel de reconnaissance, où les collègues peuvent écrire un mot anonyme pour une mère de l’équipe, remis sous forme de lettre à la maison.
- Instaurer un petit déjeuner intergénérationnel (virtuel ou en présentiel) où des employés peuvent partager un souvenir ou une leçon de leur mère, ou témoigner du rôle qu’ils jouent auprès de leur famille.
Selon une étude menée par l’Université Laval en 2022, les entreprises qui adoptent des mesures concrètes de conciliation travail-famille constatent une baisse de 23 % du taux de roulement et une hausse de 18 % de l’engagement des employés.
Élargir la définition de la maternité pour inclure toutes les réalités
Aujourd’hui, toutes les mères ne rentrent pas dans le moule traditionnel. Familles recomposées, adoption, parentalité LGBTQ+, deuil périnatal ou parcours de fertilité : ces réalités sont nombreuses. En tenant compte de cette diversité, les RH démontrent leur maturité émotionnelle et leur ouverture.
Voici des approches inclusives à instaurer :
- Remplacer les messages génériques par une formule personnalisée et non genrée, qui laisse l’espace à chacun d’interpréter cette journée selon sa propre expérience.
- Proposer une séance d’écoute ou de discussion volontaire, encadrée par un professionnel RH ou un psychologue, sur les défis liés à la maternité au travail.
- Offrir des ressources confidentielles (webinaires, lectures, outils) accessibles à tous les employés en lien avec la parentalité, la fertilité ou le deuil.
En 2023, près de 1 couple québécois sur 6 rencontrait des difficultés liées à la fertilité (INSPQ). Ne pas reconnaître cette réalité, c’est risquer d’exclure silencieusement une part significative du personnel.
Transformer cette journée en outil de mobilisation
La fête des Mères peut aussi devenir un moment clé pour stimuler la mobilisation interne. En reconnaissant publiquement les mères et leur impact dans l’organisation, l’entreprise valorise le leadership maternel, souvent associé à l’écoute, la résilience et la gestion de crise.
Quelques actions mobilisatrices :
- Créer un profil du mois d’une employée qui concilie vie professionnelle et familiale avec brio, et diffuser son témoignage.
- Lancer une capsule vidéo ou balado interne sur les réalités des mères dans différents départements.
- Organiser un défi collectif, où chaque équipe doit proposer une idée innovante pour améliorer la conciliation travail-famille dans l’entreprise.
Selon un sondage CROP (2023), 76 % des travailleurs québécois affirment qu’ils resteraient plus longtemps dans une entreprise qui comprend leur réalité familiale. Cela devient un indicateur clair pour orienter les priorités RH.
Célébrer avec sens et stratégie
En 2025, ignorer la Fête des Mères dans les politiques RH revient à ignorer une dimension clé de l’engagement des employés. Non, il ne s’agit pas d’une fête privée à laisser à la sphère domestique. Il s’agit d’un moment collectif qui, bien orchestré, permet de reconnaître les défis vécus par une grande partie du personnel, de renforcer la marque employeur et d’ouvrir un dialogue sincère sur la diversité des parcours.
Dans un marché de l’emploi tendu, les employeurs qui auront le courage de revoir leur approche gagneront en loyauté, en authenticité… et en performance.